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On peut rencontrer la peinture de Kazimierz DZYGA et
aimer à la folie; imaginer des monts là où il y a des merveilles, reconnaître un
horizon dans un lac incandescent et rêver d'une femme brune ancrée aux rochers de
l'infini.
On peut inventer le peintre à son tour en bleu bulle ou rouge amertume, égratigner un
ciel jusqu'au cur ou le saisir dans un paysage connu.
Un jour on rencontre l'homme, il est là au bord de la toile avec des yeux pleins de
regards. Il sourit, s'anime et vibre. Peut-être l'auriez-vous préféré solitaire et un
peu moins vrai, peut-être même auriez-vous voulu l'appeler Maître. Tant pis pour vous
mais ce n'est pas son style, il est sincère. Juste infidèle avec ses toiles, par amour.
Celle qu'il achève est sublime mais l'autre, à peine ébauchée, l'attire déjà.
Kazimierz ménage l'instant, ce moment chaviré, intense et parfait. Ne le prenez surtout
pas pour un poète du quotidien. Il peint l'ailleurs du fond de son être comme une
nostalgie. L'habitude l'abîme et l'étouffé comme un ciel sans nuage. Il pénètre la
vie à pas de loup patient, apprivoise les fantasmes pour mieux tromper ses rêves. Ses
jardins secrets habitent des refuges partagés. Il parle la peinture comme d'autres les
mots et s'offre à chaque instant en souvenir fatal à l'orée du fantastique.
Christiane La Blancherie |